L’agroforesterie urbaine sur des balcons
23-24/12/2019
Arrivé dans le district de Wufeng (霧峰區) à Taichung, dans un lotissement de maisons mitoyennes, c’est une véritable jungle verticale que je découvre au domicile de Florent Caquineau, français vivant à Taïwan depuis près de trente ans. D’un parterre au rez-de-chaussée, en passant par les balcons des trois étages et jusqu’au toit du bâtiment, que ce soit sur les façades exposées au nord ou sud, chaque mètre cube contient des plantes en majorité comestibles, et même des arbres fruitiers ! Venez découvrir comment un bâtiment urbain a été transformé en jardin nourricier multi-étagé !
Comment préparer des zones de culture ?
La culture sur balcons nécessite l’utilisation de contenants qui seront remplis du substrat de culture.
Ici le bâtiment possédait déjà quelques jardinières en béton intégrées dans les balcons, qui ont donc été mises à profit pour cultiver ici des aubergines (exposition sud), là des taros (exposition nord), et des arbustes ornementaux.
Florent a également adopté l’habitude taïwanaise de récupérer des bacs en polystyrène pour y cultiver des petits légumes à cycle rapide, telles que des laitues. Méthode à utiliser avec parcimonie pour ne pas se retrouver avec du plastique partout ! Florent n’en a ainsi que 2 ou 3, peu exposés au soleil et à la pluie.
La véritable innovation de Florent est de ne pas vraiment utiliser de bacs, mais de cultiver dans un substrat posé à même le sol, tenu en place par les rebords du balcon et diverses structures faites de briques maçonnées, de branches ou de tiges de bambou liées entre-elles.
Les zones de culture accueillent d’abord une première couche de petits morceaux de briques, de billes d’argiles, de coquilles de noix de coco percées… selon ce qui est disponible afin de créer une couche drainante afin que l’eau ne surcharge pas les balcons. Puis au-dessus, afin de recréer un sol propice à la croissance végétale, Florent mélange un peu d’argile récupérée dans les canaux d’irrigation des rizières, et beaucoup de terreau, soit acheté soit fait maison à partir de restes de fruits et légumes et de déchets verts récupérés ici et là dans le pâté de maison. Les déchets verts plutôt carbonés sont également utilisés pour pailler abondamment la surface des bacs. Ce mulch se décompose rapidement sous le climat humide de Taïwan et contribue à enrichir le substrat en matière organique. C’est d’ailleurs la principale méthode par laquelle Florent entretient la fertilité de ses cultures.
Étager les cultures
Il est possible d’aller plus loin que la création de “simples bacs”. En effet sur des surfaces aussi réduites, c’est bien la place qui manque aux plantes pour grandir. Pour éviter la compétition pour la lumière et les nutriments, Florent a donc trouvé différentes techniques afin d’étager ses cultures.
Une de ces techniques est la construction de zones de cultures à plusieurs niveaux, ce qui permet de rehausser les zones de cultures en retrait afin qu’elles aient plus d’accès à la lumière.
Une autre technique qui est couramment utilisée en agriculture est l’utilisation de tuteurs et treillis afin d’y faire grimper des plantes volubiles, ce qui permet également d’économiser de la surface en occupant la 3e dimension.
Introduire des arbres
Pour pouvoir encore plus profiter de l’espace réduit, des espèces ligneuses (arbres de petite taille) ont été plantées, que ce soit pour fournir des fruits ou simplement décorer.
Sur le petit espace de “pleine-terre” au rez-de-chaussée, les quelques mètres carrés ont été mis à profit afin de créer une forêt comestible miniature.
Cet exemple d’agriculture urbaine montre qu’il est possible de produire une partie non-négligeable de notre alimentation, en particulier les légumes et fruits frais, en utilisant les 3 dimensions des appartements qui ont pullulé un peu partout sur notre planète. Bien sûr il serait préférable que la terre nourricière n’eût pas été artificialisée, mais la démarche de produire de l’alimentation sur des surfaces qui n’avaient pas été prévues pour est un pas vers plus de résilience.
17 réflexions sur « Une jungle comestible sur du béton »