Le sacha inchi, la pérenne et nutritive cacahouète des Incas

Une culture pérenne, pour la diversification de l’agriculture dans les zones montagneuses
13-22/12/2019

Sacha Inchi, ou cacahuète des incas. À maturité, le fruit contenant les graines sèche rapidement sur la plante.

À Zhuolan, dans le comté de Miaoli, Mme Kang et M. Tianxiang ont créé la ferme Huaguling après leur retraite. Leurs connaissances en agriculture leur ont permis de planter une diversité de plantes pérennes sur un terrain très pentu. Leurs principales productions sont le Sacha Inchi et les champignons.

Je vais d’abord laisser Mme Kang expliquer d’elle-même pourquoi elle a choisi de cultiver le sacha inchi dans cette courte vidéo (n’oubliez pas d’activer les sous-titres !) :

Vue sur une partie de la ferme Huaguling

Le sacha inchi, aussi appelé cacahouète des Incas, de son nom scientifique Plukenetia volubilis, famille des Euphorbiacées, est une liane pérenne qui peut dépasser les deux mètres de long.

Les lianes de sacha inchi nécessitent un support pour croître correctement et que la récolte soit aisée.

Originaire des tropiques sud-américains, il est cultivé depuis des siècles par certains peuples indigènes d’Amazonie pour ses graines semblables à des noix.

Certains fruits sont en forme d’étoile à 5 branches, et contiennent 5 graines…
…. mais la majorité ne possède que 4 branches et contient 4 graines.

Ces “noix” sont toxiques crues, mais parfaitement comestibles après torréfaction. Leur goût rappelle celui de la cacahouète, et tout comme les cacahouètes, elles sont riches en protéines complètes (~ 25 % du poids total) et en huile (~ 50%). Environ la moitié de cette huile est constituée d’oméga-3, ce qui constitue une des teneurs les plus élevées parmi les huiles végétales, après l’huile de lin et l’huile de graines de shiso, alors que l’huile d’arachide ne contient pas d’oméga-3 ( 1).
Les feuilles peuvent également être utilisées en infusion après torréfaction.

Une inflorescence de sacha inchi : Les fleurs mâles sont les petites en haut (une est desséchée, une est ouverte et les autres sont encore au stade de bourgeon floral), la fleur femelle est la longue en bas.

Les plantes sont monoïques, ce qui signifie qu’elles portent à la fois des fleurs femelles et mâles. Elles peuvent commencer à produire des graines 8 mois après le semis, puis continuent à produire régulièrement tout au long de l’année pendant des décennies (longévité inconnue ?). Elles peuvent produire plus de 400 graines par an. Une étude de l’Académie Chinoise des Sciences ( 2) a montré, pour une densité de plantation optimale de 4444 plantes par hectares, un rendement oscillant entre 1300 et 2500kg de graines par hectares (selon le niveau de fertilisation). Ce rendement peut être comparé à celui des cacahouètes, au maximum 5000kg par hectares sur une saison de croissance de 3 à 5 mois.

Mme. Kang séparant les graines du fruit à la main.
Un système de pressage de l’huile à petite échelle en cours de test.
Le tourteau issu du pressage de l’huile est comestible et très riche en protéines, et pourrait être utilisé en alimentation animale, en complément alimentaire, ou dans diverses recettes.

À Taïwan, l’huile de sacha inchi est en train de devenir de plus en plus populaire, et la plupart est produite en Asie du sud-est. Elle ne devrait pas être utilisée pour la cuisson à haute température. Pour l’instant les graines ne sont pas encore autorisées à la commercialisation en temps que nourriture, pourtant on pourrait en faire un beurre fort goûtu !

Bouteilles d’huile de sacha inchi prêtes pour la commercialisation.

Le sacha inchi pousse bien sous des climats chauds et relativement ensoleillés, avec un sol bien drainant mais qui reste hors sécheresse toute l’année. Avec un peu d’irrigation lors de la saison sèche, toutes ces conditions sont parfaitement réunies à la ferme Huaguling ! Le choix de cette culture a également été favorisé car il s’agit d’une plante pérenne (facile à cultiver sans travail du sol), qui produit toute l’année une récolte légère mais à haute valeur ajoutée, ce qui est bien adapté à un terrain en pente.

Les fortes pentes de la ferme se prêtent bien à la culture de plantes pérennes.

Le sacha inchi étant une liane, il serait pertinent de l’intégrer dans un système de culture associée ou d’agro-foresterie, ce qui a été en partie entrepris à la ferme Huaguling. C’est également une alternative aux cacahouètes qui est plus respectueuse du sol, car généralement la culture des cacahouètes demande beaucoup de labour et d’émiettement du sol.

Des arbres fruitiers et à épices sont interplantés au sein des treilles de sacha inchi, c’est de l’agro-foresterie.

Et vous, comment planteriez et utiliseriez-vous le sacha inchi ?

À bientôt pour plus d’agroécologie !

Notes:

(1) Kodahl, Nete. “Sacha inchi (Plukenetia volubilis L.)—from lost crop of the Incas to part of the solution to global challenges?.” Planta 251.4 (2020): 1-22. (retour au texte)

(2) Yang, C., et al. “Planting density and fertilisation independently affect seed and oil yields in Plukenetia volubilis L. plants.” The Journal of Horticultural Science and Biotechnology 89.2 (2014): 201-207. (retour au texte)

Auteur/autrice : Yali

Je suis Alex, ingénieur agronome diplômé d'AgroParisTech, ayant fait une partie de mes études à Taïwan. Passionné de jardinage, d'agriculture, de botanique, d'insectes et autres bestioles, j'ai créé ce site afin de partager expériences, réflexions, innovations, actualités et études sur l'agriculture, sous le prisme de l'agro-écologie.

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